Philippe Poutou : « l’Europe écarte les peuples des toutes les décisions »

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Philippe Poutou, candidat à l’élection présidentielle de 2012 et à la mairie de Bordeaux il y a quelques semaines, est de nouveau en campagne pour les élections européennes du 25 mai prochain. La nouvelle figure du NPA (Nouveau Parti anticapitaliste) donne sa vision de l’Europe et revient sur les enjeux de ce scrutin. Entretien.

 

Toulouse Infos : Pouvez-vous expliquer l’importance de ces élections européennes ?

Philippe Poutou : Toutes les élections sont importantes pour exprimer son point de vue. Pour nous, il s’agit de faire entendre la voix de ceux « d’en bas », de ceux qui sont opprimés, de ceux qui ont tendance à « fermer leur gueule » et ne pas s’exprimer. C’est essentiel pour des candidats comme nous qui dénonçons les crises et le système. Il faut que ça bouge, que les peuples coordonnent la révolte et transforment ce monde-là.

TI : Qu’est-ce que vous reprochez à l’Europe actuelle ?

P.P : Elle a tous ses défauts qui s’accentuent avec la crise. On avait déjà une Europe qui n’était quasiment pas démocratique mais plus ça va, et plus les peuples sont complètement à l’écart des toutes les décisions. Il y a également une austérité qui s’est mise en place et qui s’en prend au peuple. On voit d’ailleurs leurs souffrances, surtout en Italie, au Portugal ou en Grèce. Plus ça va plus l’Europe est un outil anti-peuple.

TI : Comment devrait-elle changer ?

P.P : Nous, on combat l’Europe telle qu’elle est construite depuis le début. On pense que l’idéal européen est quelque chose à défendre mais cela pose le problème de quel type d’Europe on veut construire. C’est pour cela que nous parlons d’une Europe des peuples, d’une Europe solidaire et d’une Europe à l’opposé de ce qu’elle est en ce moment, c’est-à-dire pour les capitalistes. Cela suppose une bataille des camps sociaux. Nous on pense que le camp des opprimés doit affronter le camp qui domine aujourd’hui et qui construit sa propre Europe pour ses propres intérêts et profits.

TI : Selon vous, par quelle voie l’Europe peut-elle évoluer ?

P.P : Elle ne changera pas par les Institutions. De toute façon, le Parlement européen n’a pas de pouvoir. Le pouvoir est dans les mains de la Commission européenne et donc entre les mains des gouvernements et de la Banque Centrale Européenne. Par la voie institutionnelle, il n’y a pas de possibilités donc il reste la bataille sociale, la colère des peuples. Maintenant, il faut qu’on arrive à passer de la révolte à une lutte organisée, consciente, qui vise clairement à transformer cette Europe-là et à mettre en place des décisions politiques qui seront véritablement démocratiques au service des intérêts de l’ensemble de la population.

 

Propos recueillis par Charles Monnet